VERS COMPOSTELLE … LE PUY-EN-VELAY À AUMONT-AUBRAC (3)
JOUR 3 : DE MONISTROL D’ALLIER À SAUGUES (13 km)
Reconduits par notre hôte à Monistrol en tout début de matinée, nous reprenons la route par une belle journée ensoleillée …
Mauvaise surprise cependant : je me suis réveillé avec deux très grosses ampoules! Vérification faite, c’est la toile intérieure de support de mes souliers de marche qui a laché au niveau des talons et je marche maintenant directement sur l’armature. Définitivement mon erreur : je n’ai pas vérifié ces chaussures avant mon départ de Montréal, ayant une confiance aveugle dans ces excellents souliers utilisés au Népal seulement deux ans auparavant. Pour continuer à marcher sans trop de douleur, je n’ai guère le choix que de les remplacer par une paire d’espadrilles que je traîne avec moi dans mon sac de jour. Amélioration immédiate certes mais de courte durée : la semelle des espadrilles n’est pas rigide et le chemin est très caillouteux! C’est donc « clopin-clopant », à un rythme « d’escargot » et avec d’autres ampoules que je complèrerais cette étape dans une pharmacie de Saugues … Par chance, la ville possède un excellent magasin de chaussures et j’en serais quitte pour acheter une nouvelle paire de souliers de randonnée… qu’il me faudra malheureusement former à mes pieds dès le lendemain avec tout que ça implique!
Cette journée est une très belle étape qui commence par une montée assez raide jusqu’à la curieuse chapelle de la Madeleine, une grotte préhistorique fermée par une façade en pierre au XVIIème S. et directement encastrée dans le roc : à l’intérieur, nous découvrons un véritable chantier de construction où nous rencontrons un vieil artisan local et bénévole qui en a entrepris la rénovation depuis … des années ! Bien sympathique, il nous raconte l’histoire de la chapelle et de son projet et nous comprenons assez vite pourquoi la rénovation demande autant de temps puisqu’en ayant terminé avec nous, il recommence aussitôt son histoire auprès de deux autres randonneurs qui viennent d’entrer. Passé la chapelle, des escaliers et une main-courante de corde permettent d’aborder une forte pente qui mène au ressaut d’Escluzel et au hameau de Montaure. Cette montée par le plateau de la Margueride est la seule « difficulté » de cette étape dans le pays du Gévaudan. Passé Montaure, c’est une belle balade à environ 1000 m d’altitude, sans dénivelés d’importance.
On ne peut passer dans ce coin de pays sans parler de sa fameuse « bête monstrueuse », un animal à l’origine d’une centaine d’attaques mortelles contre les humains entre 1764 et 1767. Troupes royales et chasseurs de tout poil tentèrent à l’époque de capturer cette bête maléfique apparenté selon les goûts et les croyances à un grand loup, un loup-garou et mème à un tueur en série! On peut encore voir les traces de ses pattes à Saugues : soyez rassurés, il s’agit de traces peintes sur les pavés du centre-ville, devant le musée de la Bête du Gévaudan!
Nous ne logerons pas ce soir-là à Saugues mais à Venteuges, dans les environs. C’est la propriétaire qui vient nous chercher et nous avons une excellente surprise en découvrant notre hébergement : les Pierres d’Antan, une splendide maison de charme et caractère où notre chambre, partie d’une ancienne écurie entièrement rénovée et aménagée, est digne d’un hôtel 4 ***. Nous sommes les seuls invités et notre hôtesse est particulièrement ravie de recevoir des randonneurs de la Belle Province car, par le plus grand des hasards, son mari se trouve au mème moment à la pèche dans une pourvoirie du Québec!
Originaire de Lyon, capitale de la gastronomie française, notre hôtesse nous concoctera ce soir-là un repas digne de Bocuse et Troisgros, les restaurateurs mondialement connus de la région lyonnaise. Et pour la première fois depuis notre départ, nous veillerons assez tard en sa compagnie et en gôutant, que Saint-Jacques nous le pardonne, à quelques digestifs locaux qu’elle nous offre avec grand coeur. Merci Pascale pour cette superbe soirée dans le pays du Gévaudan!